18/04/2012. L’e-hebdo GEFILS (Lettre professionnelle hebdomadaire du logement social) a donné la parole à Michel Ceyrac Président de la Fédération des Entreprises Sociales pour l’Habitat…

Monsieur le Président, vous faites un tour de France des sociétés d’HLM. Quelles sont vos observations ?

Ce tour des régions est très utile car il permet de faire le point sur les problématiques locales dans tous nos domaines d’activité.

On constate que les ESH ont une vision très objective et opérationnelle des situations : par exemple, contrairement aux points de vue relayés par les médias, elles expliquent que la demande locative est faible, voire très faible, dans de nombreux territoires et que les constructions nouvelles continuent parfois à vider le parc existant. Elles expliquent le souhait que les crédits publics soient dans ces régions redéployés sur la remise à niveau du parc qui subit la concurrence du secteur privé (Robien, Scellier,…). Notre Fédération doit être le porte-parole de ces expériences et exprimer l’idée que les besoins des territoires nécessitent des réponses diversifiées en termes de construction et d’entretien. Il faut aussi expliquer que la politique du logement ne peut se réduire à un zonage simplifié à l’extrême (tendu/non tendu) et, que l’on ne souscrit plus au discours du construire toujours plus dans tous les territoires pour répondre à une « demande » basée sur des fichiers de demandes de logements peu fiables.

Dans quelques temps, il y aura une élection fédérale pour un nouveau Président. Quel regard portez-vous sur votre mandat de deux ans ?

Au cours de ces deux années, j’ai appris beaucoup de choses. J’ai découvert un fonctionnement complexe de l’Union Sociale pour l’Habitat, mais j’ai aussi compris qu’avec Thierry Repentin, dont j’apprécie la disponibilité et l’ouverture d’esprit, et avec les présidents des autres Fédérations, il était possible d’améliorer les choses. C’est ainsi que nous travaillons dans un esprit de coopération très positif avec la Fédération des OPH, son Président Alain Cacheux et son Directeur Général Maurice Carraz.

Sur proposition de Thierry Repentin, j’ai été élu Président de la CGLLS. Ce poste présente un intérêt fort pour notre Fédération qui, par ses cotisations, contribue majoritairement au financement de cette institution. Depuis un an, nous travaillons avec l’ensemble des membres du Conseil (représentants de l’Etat et de l’USH) à poursuivre le travail de réorganisation du secteur et à réorienter les moyens financiers pour plus d’efficacité.

Mais la Fédération doit en premier lieu défendre les intérêts de ses membres et faire valoir leur point de vue. C’est ce qui nous essayons de faire en ce moment par exemple pour éviter que les projets de directives de la commission Européenne sur les marchés publics et sur les concessions n’entravent la coopération entre ESH. C’est ce que nous faisons aussi pour pérenniser les financements d’Action Logement et pour faire en sorte qu’ils bénéficient à toutes les ESH qu’elles aient déjà ou non le 1 % dans leur actionnariat. Nous avons poursuivi ou relancé de nouvelles actions fédérales, comme la politique du handicap, la RSE, et d’une façon générale, une aide à la gestion des RH dans les sociétés. Enfin, nous avons conduit dès cette année une action pour diminuer les cotisations versées par les sociétés   à la Fédération et à l’USH.

Les ESH constituent l’aile la plus entreprenante et la plus dynamique de l’USH en matière de construction et de gestion, et il est essentiel de maintenir des perspectives et un environnement favorisant nos activités. La Fédération est là pour y contribuer et c’est une mission passionnante pour son Président.

Vous êtes candidat à votre succession. Quelle est votre vision pour les ESH pour les prochaines années ? Quel sera leur rôle et  l’avenir du logement social ?

Chacun a conscience que le cadre dans lequel le logement social se développe depuis des décennies doit évoluer pour s’adapter aux nouvelles exigences de l’économie et de la sociologie des ménages que nous devons loger. C’est pourquoi la Fédération a créé il y a un an un groupe de travail dont la mission est de faire des propositions pour l’avenir. En septembre 2011, ce groupe a produit un rapport présenté au Ministre du Logement et aux médias. Parmi les propositions, j’en retiendrai trois :

► La politique du logement doit être contractualisée au niveau de territoire pertinents entre tous les acteurs (Etat, Collectivités territoriales, 1 %, Bailleurs) qui doivent s’engager sur 5 à 7 ans sur des objectifs précis ;

► Face à la paupérisation des ménages, les HLM doivent proposer une offre adaptée en terme de loyer et de taux d’effort;

► L’Etat a annoncé la fin des aides à la pierre, mais nos équilibres financiers doivent être sécurisés par une part significative de prêts à taux fixe : utilisation des produits financiers des fonds d’épargne pour bonifier les taux d’intérêts des prêts de la CDC en proposant des taux fixes sur 50 % des emprunts.

Ce groupe de travail de la Fédération poursuit ses réflexions et fera des propositions précises sur ces sujets en septembre 2012.

Sur le fonctionnement de l’USH, quel a été le rôle de la Fédération ? Comment voyez-vous sa place au sein de la confédération ?

L’audit de l’USH réalisé en 2010 a proposé des réformes à propos desquelles des choix doivent être faits après consultation des différentes Fédérations. La concertation sur ces propositions se poursuit à la Conférence des Présidents et je souhaite qu’elle aboutisse.

Ces réformes ne doivent cependant pas se faire au détriment des Fédérations dont le rôle est essentiel. Si nos sociétés ont pu se développer de manière aussi dynamique au cours de ces dernières années, elles le doivent en grande partie à leurs spécificités réglementaires qui leur permettent de s’exprimer dans un cadre favorable. Comme je l’ai dit plus haut, c’est le rôle de la Fédération de préserver ce cadre et  de tout faire pour l’améliorer.